Prenons soin de notre patrimoine naturel
LA FORÊT D’OTHE
La Forêt d’Othe est un corridor écologique inter-régional riche en biodiversité.
Cette forêt est essentiellement constituée de chênaie-hêtraie. Elle est installée sur les plateaux de Bourgogne, en bordure de la Cuesta d’Othe, rebord du bassin parisien, sur une faible épaisseur de terre.
C’est un grand ensemble de 23 000 hectares, répertorié en Znieff 2 donc très riche en biodiversité.
Ces Znieff ont été revisités par la DREAL récemment et ont perdu en surface, en particulier sur des secteurs des bordures qui avaient été modifiés par l’agriculture. Dommage.
De Joigny, situé à l’extrémité Ouest de la Forêt d’Othe, dans la vallée de l’Yonne et jusqu’à Lasson, dernier village avant l’Aube, la forêt s’étend vers Villeneuve-au-Chemin, puis en direction de Troyes sur une épaisseur variable.
La caractéristique de cette forêt est d’abriter des pics : noir, épeiche, mar. Le pic noir creuse des cavités dans les arbres où s’abritent après d’autres oiseaux et des chauves-souris.
Dans le cadre d’un appel à projet Espaces Naturels Sensibles, le Conseil départemental de l’Yonne a financé une étude sur les chauves-souris, réalisée en juillet 2015 par le groupe Chiroptères Bourgogne (des bénévoles) et la Société d’Histoire Naturelle d’Autun (2 chargés de mission) : Alexandre Cartier et Ludovic Jouve. Cette prospection s’est faite sur une semaine dans les forêts communales de Joigny, Bussy-en-Othe, Brion, Bellechaume et Brienon-sur-Armançon. La restitution de cette étude a été rendue ici à Joigny lors d’une réunion publique passionnante en février 2017 à la Halle aux grains.
La bonne nouvelle est que le secteur s’est révélé particulièrement riche avec 13 des 24 espèces de chauves-souris répertoriées en Bourgogne ! C’est une très bonne nouvelle quand on connaît la chute vertigineuse de la biodiversité. Les écologues ont même été surpris d’une telle densité de chauves-souris : 200 mammifères ont été capturés dans leurs filets. Ils les ont équipés de récepteurs qui ont permis d’analyser les infrasons et d’identifier les différentes espèces.
Le groupe a aussi prospecté des arbres-gîtes et a découvert 6 colonies ! Ce qui fait dire à Alexandre Cartier que « la forêt d’Othe est un site exceptionnel, en particulier autour des étangs de St Ange ».
Pour Yonne Nature Environnement qui milite pour une véritable protection de cette forêt, qui se bat au tribunal administratif contre l’implantation d’un moto-cross en Znieff à Turny, cette étude a permis de confirmer que notre biodiversité est encore trop méconnue dans l’Yonne, faute de moyens. Il faut donc améliorer les connaissances dans chaque commune. Nous pouvons tous y travailler.
Cette forêt d’Othe est aussi très convoitée pour son bois et nous voyons se créer des voiries forestières pour faciliter l’exploitation forestière avec de gros engins XXL. Le Contrat régional Forêt-Bois Bourgogne Franche-Comté est inquiétant et va dans ce sens. Toujours plus d’exploitation!
Sachons gérer la forêt sur un temps long, en futaie irrégulière, en mélange d’essences, et en respectant aussi la biodiversité des sols forestiers, celle qu’on ne voit pas.
Ces forêts sont notre capital naturel à défendre : havre de paix de la biodiversité, des chauves-souris, des oiseaux forestiers, de la faune sauvage et de ceux qui savent les apprécier : les promeneurs! CS-YNE
Voir aussi:https://fr.wikipedia.org/wiki/Forêt_d'Othe
Ce corridor fait le lien entre 2 départements : l’Yonne et l’Aube et 2 régions : la Bourgogne Franche-Comté et la région Grand Est.
Cette Znieff englobe 6 autres secteurs encore plus riches (Znieff 1) où ont été répertoriées des espèces rares, remarquables, protégées ou menacées. Ses lisières sont aussi d’une grande importance car ce sont des pelouses sèches à orchidées.
Un seul secteur humide important : celui des Étangs de Saint-Ange et d’autres mares forestières.
Prélever le bois d’œuvre, oui. Exporter nos chênes en Chine : non.
Extraire du bois de chauffage, oui, mais avec modération et pour un usage local.
En tous cas pas pour faire de l’électricité !
On se rappelle aussi du projet apparemment abandonné d'un complexe éolien industriel en pleine forêt d'Othe.
Les forêts sont le dernier rempart au changement climatique : elles stockent le carbone et l’eau.
Soyons vigilants sur les plans d’aménagement forestiers communaux.
